dimanche 15 janvier 2017

LE MOT DU PARRAIN DU FESTIVAL BOSSA NOVA 2013


J’arrive au théâtre de la ville, agacé. Les embouteillages, la circulation.  Je me dis que cette ville n’est vraiment pas prête à accueillir un grand événement mondial. Les voitures, toujours plus nombreuses, les feux de signalisation en panne. Un peu comme à Rio, sauf qu’à Rio, vous pouvez guetter l’horizon au dessus de la mer quand vous êtes à l’arrêt… Ca inspire, ça fait rêver. Bref, Heureusement que j’ai déjà pris ma place pour ce soir, je m’en serais beaucoup voulu de rater ce concert.
Ils viennent de finir les travaux dans le hall, tout est repeint à neuf, ils ont même restauré les arcades et changé le lustre. Ils ont aussi accroché un Kaminsky au dessus de l’escalier central. Je souris (« enfin », me dis-je…) cette artiste fait sensation notamment au Japon, ville de résidence de mon tout nouvel album. Ils ont bon goût au Japon.
Je croise quelques retardataires dont mon ami Nima, grand pianiste classique iranien et amant de toutes les musiques. Nous échangeons un clin d’oeil pour signifier  notre rendez-vous habituel à l’entracte. Une hôtesse me prévient que le troisième signal a déjà sonné, mince !
Philippe Baden Powell, Paris 2013
Photographie de Robert Pasquier  
Je monte rapidement au deuxième balcon pour gagner la salle. À l’intérieur le temps est suspendu par un silence autoritaire. Dans le noir, la salle est au complet. Tout le monde l’attend, en apnée. J’abandonne l’idée de trouver ma place et prend le premier strapontin disponible. Soudain, le projecteur envoie un faisceau de lumière qui révèle, à  ma grande surprise, la grande dame des musiques populaires brésiliennes : Bossa ! Elle n’a pris aucune ride, encore plus rayonnante et plus sensuelle. La maturité réussit aux femmes.
Les mêmes traits fins de sa mélodie et les mêmes rythmes nonchalants. L’ombre du public commence à respirer, certains corps se déhanchent, les chevelures frémissent légèrement, quelques têtes commencent à se balancer. Quand on tombe amoureux, c’est immédiat, ça va très vite, on se laisse emporter, tourbillonner… D’autant plus que ce soir là, elle s’est habillée de ses harmonies colorées et attend la fin du prélude que joue l’orchestre pour commence son Bel Canto brésilien. Chut ! Bon concert à tous !



Philippe Baden Powell

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