
Ils viennent de finir les
travaux dans le hall, tout est repeint à neuf, ils ont même restauré les
arcades et changé le lustre. Ils ont aussi accroché un Kaminsky au dessus de
l’escalier central. Je souris (« enfin », me dis-je…) cette artiste fait
sensation notamment au Japon, ville de résidence de mon tout nouvel album. Ils
ont bon goût au Japon.
Je croise quelques
retardataires dont mon ami Nima, grand pianiste classique iranien et amant de
toutes les musiques. Nous échangeons un clin d’oeil pour signifier notre
rendez-vous habituel à l’entracte. Une hôtesse me prévient que le troisième
signal a déjà sonné, mince !
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Philippe Baden Powell, Paris 2013 Photographie de Robert Pasquier |
Je monte rapidement au
deuxième balcon pour gagner la salle. À l’intérieur le temps est suspendu par
un silence autoritaire. Dans le noir, la salle est au complet. Tout le monde
l’attend, en apnée. J’abandonne l’idée de trouver ma place et prend le premier
strapontin disponible. Soudain, le projecteur envoie un faisceau de lumière qui
révèle, à ma grande surprise, la grande dame des musiques populaires
brésiliennes : Bossa ! Elle n’a pris aucune ride, encore plus
rayonnante et plus sensuelle. La maturité réussit aux femmes.
Les mêmes traits fins de sa
mélodie et les mêmes rythmes nonchalants. L’ombre du public commence à
respirer, certains corps se déhanchent, les chevelures frémissent légèrement,
quelques têtes commencent à se balancer. Quand on tombe amoureux, c’est
immédiat, ça va très vite, on se laisse emporter, tourbillonner… D’autant plus
que ce soir là, elle s’est habillée de ses harmonies colorées et attend la fin
du prélude que joue l’orchestre pour commence son Bel Canto brésilien.
Chut ! Bon concert à tous !
Philippe Baden Powell
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