dimanche 15 janvier 2017

LE MOT DU PARRAIN FESTIVAL BOSSA NOVA 2015

Affiche Officielle du Festival Bossa Nova
7ème édition
Je suis une des racines de la Bossa Nova qui a commencé quand Roberto Menescal a découvert que je chantais. Il était dans ma classe au Lycée Mallet Soares à Copacabana vers 1955.
Une nuit, en sortant du Lycée, il m'a emmené chez Nara Leão, la Muse de la Bossa Nova. Nous habitions dans le même secteur et étions tous dans le même Lycée. Notre amitié a grandi et Roberto est devenu un frère comme Carlos Lyra que j’ai rencontré chez une de mes élèves. L’appartement de Nara était une vraie plaque tournante de futurs artistes, j’ai rencontré Ronaldo Bôscoli, Chico Feitosa et bien d’autres. Je suis de Recife et non de Rio, toutes ces amitiés étaient nouvelles pour moi.
Comme tout artiste, le talent arrive à un âge précoce et dans mon cas, je chantais tous les jours, alors ma mère a décidé d'acheter une guitare et d'embaucher un professeur. Mais il arrivait toujours quand je jouais au football dans le jardin de notre maison, les leçons ne duraient pas très longtemps et ma guitare a fini sur le haut de l’armoire, dans ma chambre, mais si je voulais vaincre ma timidité avec les filles je n’avais pas le choix, il fallait que je fasse
redescendre ma guitare…

Un de mes amis, Carlinhos Lyra avait eu un professeur venu des États-Unis qui lui a enseigné des accords dissonants et chiffrés et cela m’a permis aussi de progresser et de m’intéresser définitivement à la guitare.

Chico Feitosa - Normando - Tom Jobim
Presque tous les week-ends nous étions sur la plage à Rio das Ostras dans une location avec Menescal, Ronaldo, Chico et moi où nous pratiquions la plongée sous marine la journée et le soir la musique prenait place… c’était les plus belles années de ma vie.

Dans le « Jornal do Brazil » du 7 février 1960 le journaliste Pedro Müller a écrit que j’étais le “Sinatra de la Bossa Nova”. Je ne composais pas, c’est Carlos Lyra qui m’a poussé à le faire. Je suis rentré à la maison avec cette idée en tête et j’ai composé “Deixa o nosso amor”.
A cette époque nous sommes devenus les trois plus importants professeurs de guitare, Carlos Lyra, Menescal et moi.

J’étais très ami avec João Gilberto. Il venait toujours dans mon appartement très tard dans la nuit, après être passé chez Tom Jobim avec des nouvelles mélodies, comme « Corcovado » ou « Garota de Ipanema ». Parfois, il finissait par dormir à la maison, parce que nous bavardions jusqu'au petit matin. Une fois João m'a demandé si je pouvais lui donner quelques un de mes élèves, je lui en ai donné deux.
Françoise Hardy et Normando
Quinze jours après les étudiants me demandaient de nouvelles de João qui avait disparu. J’ai lui demandé s’ils avaient apprécié la leçon de João et ils m’ont répondu « oui », João avait chanté pendant deux heures en guise de leçon et est partit. Lorsque je me suis plaint à lui, il a dit qu’il ne savait pas enseigner et qu’il allait rembourser les élèves.
Certains de mes élèves les plus connus du public sont devenus actrices comme Betty Farias et Odette Lara, journaliste comme Nelson Motta et guitariste comme Jards Macalé, entre autres.

A la fin 64, je suis venu remplacer Baden Powell à Paris et j’ai décidé de rester, mais la Bossa Nova m’a oublié. J’ai enregistré de 63 à 64 “Mais valia não chorar" par Simonal, “Depois do amor" par Maysa et Sergio Ricardo, “Amor é você" par Pery Ribeiro, “Amor no samba» par le Trio Irakitan et moi-même à Odéon, après mon concert au Carnegie Hall à New York.

Normando au Festival Bossa Nova
novembre 2015
Ainsi, je suis une des racines de la Bossa Nova. Une musique qu’est devenu un classique populaire.
Dans 50 ans, elle ira, par sa richesse, encore susciter l'intérêt des futures générations des musiciens et du publique.
Un grand merci à Jean-Baptiste Amand et à son équipe Jazzonotes pour me donner l’occasion encore une fois d’offrir aux spectateurs de ce festival, ma Bossa Nova…

Normando Marques Dos Santos