Affiche Officielle du Festival Bossa Nova 7ème édition |
Je
suis une des racines de la Bossa Nova qui a commencé quand Roberto Menescal a
découvert que je chantais. Il était dans ma classe au Lycée Mallet Soares à
Copacabana vers 1955.
Une
nuit, en sortant du Lycée, il m'a emmené chez Nara Leão, la Muse de la Bossa
Nova. Nous habitions dans le même secteur et étions tous dans le même Lycée.
Notre amitié a grandi et Roberto est devenu un frère comme Carlos Lyra que j’ai
rencontré chez une de mes élèves. L’appartement de Nara était une vraie plaque
tournante de futurs artistes, j’ai rencontré Ronaldo Bôscoli, Chico Feitosa et
bien d’autres. Je suis de Recife et non de Rio, toutes ces amitiés étaient
nouvelles pour moi.
Comme
tout artiste, le talent arrive à un âge précoce et dans mon cas, je chantais
tous les jours, alors ma mère a décidé d'acheter une guitare et d'embaucher un
professeur. Mais il arrivait toujours quand je jouais au football dans le
jardin de notre maison, les leçons ne duraient pas très longtemps et ma guitare
a fini sur le haut de l’armoire, dans ma chambre, mais si je voulais vaincre ma
timidité avec les filles je n’avais pas le choix, il fallait que je fasse
redescendre ma guitare…
redescendre ma guitare…
Un
de mes amis, Carlinhos Lyra avait eu un professeur venu des États-Unis qui lui
a enseigné des accords dissonants et chiffrés et cela m’a permis aussi de
progresser et de m’intéresser définitivement à la guitare.
Chico Feitosa - Normando - Tom Jobim |
Presque
tous les week-ends nous étions sur la plage à Rio das Ostras dans une location
avec Menescal, Ronaldo, Chico et moi où nous pratiquions la plongée sous marine
la journée et le soir la musique prenait place… c’était les plus belles années
de ma vie.
Dans
le « Jornal do Brazil » du 7 février 1960 le journaliste Pedro Müller
a écrit que j’étais le “Sinatra de la Bossa Nova”. Je ne composais pas, c’est
Carlos Lyra qui m’a poussé à le faire. Je suis rentré à la maison avec cette
idée en tête et j’ai composé “Deixa o nosso amor”.
A
cette époque nous sommes devenus les trois plus importants professeurs de
guitare, Carlos Lyra, Menescal et moi.
J’étais
très ami avec João Gilberto. Il venait toujours dans mon appartement très tard
dans la nuit, après être passé chez Tom Jobim avec des nouvelles mélodies, comme
« Corcovado » ou « Garota de Ipanema ». Parfois, il
finissait par dormir à la maison, parce que nous bavardions jusqu'au petit
matin. Une fois João m'a demandé si je pouvais lui donner quelques un de mes
élèves, je lui en ai donné deux.
Françoise Hardy et Normando |
Quinze
jours après les étudiants me demandaient de nouvelles de João qui avait disparu.
J’ai lui demandé s’ils avaient apprécié la leçon de João et ils m’ont répondu
« oui », João avait chanté pendant deux heures en guise de leçon et
est partit. Lorsque je me suis plaint à lui, il a dit qu’il ne savait pas
enseigner et qu’il allait rembourser les élèves.
Certains
de mes élèves les plus connus du public sont devenus actrices comme Betty
Farias et Odette Lara, journaliste comme Nelson Motta et guitariste comme Jards
Macalé, entre autres.
A
la fin 64, je suis venu remplacer Baden Powell à Paris et j’ai décidé de
rester, mais la Bossa Nova m’a oublié. J’ai enregistré de 63 à 64 “Mais valia
não chorar" par Simonal, “Depois do amor" par Maysa et Sergio
Ricardo, “Amor é você" par Pery Ribeiro, “Amor no samba» par le Trio
Irakitan et moi-même à Odéon, après mon concert au Carnegie Hall à New York.
Normando au Festival Bossa Nova novembre 2015 |
Ainsi,
je suis une des racines de la Bossa Nova. Une musique qu’est devenu un
classique populaire.
Dans 50 ans, elle ira, par
sa richesse, encore susciter l'intérêt des futures générations des musiciens et
du publique.
Un grand merci à
Jean-Baptiste Amand et à son équipe Jazzonotes pour me donner l’occasion encore
une fois d’offrir aux spectateurs de ce festival, ma Bossa Nova…
Normando Marques Dos Santos